Succès pour la soirée à SILAB

Quel lieu mieux qu’une entreprise vouée à l’innovation pour accueillir deux jeunes doctorants de l’Institut Curie venus nous parler de leurs recherches portant sur l’oreille humaine dont les capacités exceptionnelles mais si fragiles permettent d’apprécier pleinement la musique ? Un public nombreux et curieux investit l’amphithéâtre idéalement conçu pour les présentations de conférences scientifiques et dont le confort et l’acoustique sont dignes d’une grande salle de concert – une fois l’estrade renforcée pour recevoir un piano ! Mais à SILAB, on sait s’adapter !

Pour nous éclairer sur « La perception des sons par l’oreille humaine », Henri VER HULST, physicien, et Laure STICKEL, titulaire d’une formation en Mécanique et en Sciences des matériaux, complétée par un Master en Ingénierie Tissulaire, nous ont présenté, avec des supports clairs et didactiques, la structure de l’oreille, en se focalisant sur ce petit organe de l’oreille interne, la cochlée, une spirale de la taille d’un petit pois, dont les cellules ciliées jouent le rôle de minuscules microphones pour « convertir des ondes mécaniques , les sons, en signaux électriques perçus et interprétés par le cerveau ». Cette présentation a captivé un public particulièrement sensible à ce sujet et fasciné par les images prises à fort grossissement de ces structures aux propriétés fabuleuses mais si fragiles. L’évocation des dernières technologies permettant de retrouver partiellement l’audition en cas de surdité profonde justifie, s’il le fallait, la pertinence des travaux de ces deux chercheurs. La compréhension du fonctionnement de notre oreille nous montre à quel point il est important de préserver et ménager cet organe essentiel pour écouter la musique.

Le concert qui suivit vint stimuler les cellules ciliées de la cochlée d’un public averti mais tous les détails scientifiques et techniques furent vite balayés pour faire place à une jouissance pure de la musique. Pour ce concert et son passage à Brive le lendemain pour un récital de piano avec un jeune prodige, Constant DESPRES et une masterclass avec des élèves pianistes du Conservatoire de musique, François DUMONT choisit de rendre hommage à Blanche SELVA. Une rue des faubourgs de Brive porte bien son nom mais qui sait que, née à Brive en 1884, elle fut une pianiste remarquable à plus d’un titre : immense interprète, compositrice et pédagogue. Parmi des œuvres de ses compositeurs de prédilection, Bach, Beethoven, ou d’Albeniz, Déodat de Severac et Granados, des compositeurs de son temps dont elle était proche, François DUMONT joua l’une de ses compositions de jeunesse « Cloches dans la brume ». Ce bel hommage aurait sans doute ravi Blanche Selva, car ce pianiste, dont la modestie cache « un interprète profond, subtil, doté d’une vision où l’intelligence le dispute à la spontanéité » selon le critique musical Michel Le Naour dans « Cadences », gratifia le public de l’amphithéâtre de SILAB d’un beau moment de musique. Du souffle du vent de « La Tempête » de la sonate de Beethoven à l’envolée des notes de Chopin pour une Mazurka et une Ballade romantique, le public a été transporté par la virtuosité toute en finesse et sobriété et la générosité naturelle de ce jeune pianiste.

Cette initiative un peu audacieuse du Festival de la Vézère, en association avec un partenaire prêt à s’engager dans un domaine éloigné de ses préoccupations professionnelles, a été un franc succès et reflète la pertinence d’une aventure hors des sentiers battus.

+ : Le lendemain matin, une vingtaine d'adhérents partageaient le petit déjeuner avec François Dumont dans la superbe verrière du Chêne Vert à Brive